Intervention de Thibault BAZIN sur l’examen de la proposition de loi LFI d’abrogation de la retraite à 64 ans
Retrouvez ci-dessous la vidéo de mon intervention à l’occasion de l’examen de la proposition de loi LFI d’abrogation de la retraite à 64 ans le 20 novembre 2024 :
« Merci Monsieur le Président, Monsieur le Rapporteur,
Vous portez avec le groupe de la France Insoumise une proposition de loi qui vise à abroger les différentes réformes des retraites, non seulement celle d’Emmanuel MACRON mais également celle de François HOLLANDE. C’est irresponsable dans notre situation actuelle. Vous partagez d’ailleurs cette irresponsabilité budgétaire avec le RN. Vous niez nos réalités démographiques et économiques. Ce n’est pas sérieux.
En effet, vous voulez non seulement abaisser l’âge légal de départ à la retraite mais également réduire la durée de cotisation. Cela signifie qu’il y aura moins de cotisants et beaucoup plus de bénéficiaires alors même que nous connaissons un vieillissement de la population marqué par un nombre de retraités beaucoup plus important rapporté au nombre d’actifs. Et cela risque de s’aggraver à moyen terme avec un indice de fécondité qui a chuté à 1,68 enfants par femme.
Vos mesures viendraient aggraver le déséquilibre démographique et ainsi aggraver le déséquilibre financier.
Le système de retraite est déjà structurellement déficitaire en raison de l’inversion du rapport démographique : le déficit va rapidement se creuser, et ce de façon importante. Il s’établirait à 14 milliards en 2030 et 21 milliards à l’horizon 2035.
Par ailleurs, alors qu’on comptait 3 cotisants pour 1 retraité en 1970, 2 cotisants pour 1 retraité en 2000 il n’y en a plus qu’1,7 aujourd’hui.
Et vous voulez par vos mesures générer encore davantage de déficit.
Beaucoup de concitoyens doutent de votre proposition et savent qu’elle n’est pas raisonnable. Ils savent qu’un tel déséquilibre pourrait leur porter préjudice.
Quelles seraient les conséquences de votre proposition de loi pour les Français ?
Un système sous-financé structurellement mettant en péril notre système de retraites par répartition. D’un côté, des retraités dont les pensions seraient menacées d’une baisse durable. De l’autre côté, des actifs dont les cotisations pourraient augmenter, baissant d’autant leur pouvoir d’achat, sans leur assurer des pensions futures à la hauteur de leur espérance. C’est-à-dire une baisse du pouvoir d’achat pour ceux qui travaillent et ceux qui ont travaillé. C’est inacceptable dans le contexte actuel.
Les Français, bien conscients de cette équation, attendent toutefois plus de justice sociale et une amélioration du système de retraites. Le Premier Ministre, lors de son discours de politique générale, a indiqué que « certaines limites de la loi votée le 15 avril 2023 peuvent être corrigées », notamment sur les retraites progressives, l’usure professionnelle ou l’égalité entre les femmes et les hommes. Conformément au vœu du Premier ministre, nous devons engager un dialogue avec les partenaires sociaux pour réfléchir à des aménagements raisonnables et justes de la loi. »