Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi bioéthique – Audition, ouverte à la presse, de M. Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE)
Voici la vidéo de ma question sur les ressources limitées et le choix des priorités, l’impact possible sur la relation médicale, et de la réponse (ou non réponse) apportée…
“Monsieur le Président,
Dans votre introduction, vous avez indiqué que la réponse possible à des intérêts individuels nous obligera à faire des choix sur ce qu’on ne pourra pas faire.
Permettez-moi de reprendre justement les interrogations émises dans votre avis 129 :
« Jusqu’où la médecine doit-elle aller pour un individu particulier ou pour la collectivité ? Quels critères pour guider l’allocation de ressources rares ? »
Ces questions sont essentielles. La manière dont le projet de loi va y répondre pourrait avoir des impacts considérables pour la relation médicale entre le soignant et le patient.
Si le projet de loi ouvre l’accès aux tests-données génétiques, ce qui engendrera un besoin supplémentaire d’accompagnement par les conseillers en génétique, eu égard à leur nombre très limité, ne risque-t-on pas de rendre plus difficile l’accès aux conseils et aux soins pour ceux qui sont effectivement malades pour des raisons génétiques ?
En supprimant par ailleurs le critère pathologique pour l’accès à l’assistance médicale à la procréation, n’y-a-t-il pas le risque que notre santé publique ne traite plus en priorité les personnes qui connaissent une pathologie ? N’y-a-t-il pas le risque que notre assurance maladie prenne en charge ce qui ne relève pas de maladies ?
Votre avis 129 pose très justement la question des ressources et du choix des priorités.
Si le projet de loi génère une tension accrue sur les ressources, si le projet de loi ne pose pas de critères pour le choix des priorités, ne va-t-on pas générer de l’injustice ?”