Bioéthique – débat sur le DPI-A
“Quelque chose me gêne dans ce débat : j’ai l’impression qu’il y a une forme de confusion entre le DPI-A et le DPN, le premier étant in vitro et le second in utero. Les problématiques et le regard ne sont dès lors pas forcément les mêmes par rapport à la notion de diagnostic.
La technique du DPI-A est encadrée et son extension n’était pas prévue dans le projet de loi initial. M. Le ministre de la santé s’est absenté, mais son argument m’inquiète tout de même : il dit en effet que si l’étude du PHRC est concluante, il n’y aura nul besoin de loi pour autoriser le DPI-A. J’espère que si la représentation nationale s’y oppose ce soir, sa volonté sera respectée. Cet article, arrivé par voie d’amendement, vise à étendre cette technique, certes à titre expérimental, mais « en vue d’une éventuelle généralisation » selon l’alinéa 2. Or là est bien l’objet de notre débat. Quel chemin prenons-nous ? Quel monde voulons-nous pour demain ? Je renvoie aux belles questions du Comité consultatif national d’éthique. Autre question de fond : la généralisation ne risque-t-elle pas à terme de conduire à la systématisation ? Comment faire pour que cette technique ne soit pas proposée, après-demain, à tous les couples en démarche de FIV, passant des 250 couples évoqués à 150 000, et donc indépendamment de toute maladie génétique antérieure ? L’auteur de cette disposition a dit qu’il s’agirait de sélectionner sur le critère de la viabilité de l’embryon. Nous connaissons tous dans notre entourage des femmes qui ont vécu des fausses couches – un sujet peu évoqué dans le débat public, un événement souvent très difficile à vivre pour la femme et pour son conjoint.
Mais un DPI-A ne garantit aucunement qu’il n’y aura pas de fausse couche !
Il est important de le souligner, parce qu’en réalité, l’argument avancé par les partisans du DPI-A n’est pas uniquement celui de la viabilité de l’embryon. Le rapporteur Eliaou l’a bien dit : le DPI-A ne permet pas seulement de s’assurer de la viabilité de l’embryon, mais donne accès à bien d’autres informations – c’est déjà le cas en l’état actuel des connaissances, mais peut-être seront-elles encore plus nombreuses à l’avenir –, qu’on ne saurait demander d’ignorer au médecin qui est face au couple. Peut-être sera-t-il d’ailleurs encore plus facile, à l’avenir, de rechercher d’autres anomalies sur l’ADN de l’embryon.
Ce sont ces questions et perspectives que nous devons garder à l’esprit lorsque nous traçons un chemin pour l’avenir de notre pays.”