Interventions de Thibault BAZIN sur l’examen de la proposition de loi LFI d’abrogation de la retraite à 64 ans

Interventions de Thibault BAZIN sur l’examen de la proposition de loi LFI d’abrogation de la retraite à 64 ans

28 novembre 2024 Hémicycle - retraite 0

Retrouvez ci-dessous deux vidéos de mes interventions à l’occasion de l’examen de la proposition de loi LFI d’abrogation de la retraite à 64 ans le 28 novembre 2024 :

« Merci Madame la Présidente,
Madame la Ministre,
Mes chers collègues,
Monsieur le Rapporteur,

Vous portez avec le groupe de la France Insoumise une proposition de loi qui vise à abroger les différentes réformes des retraites, non seulement celle d’Emmanuel MACRON mais également celle de François HOLLANDE.
C’est irresponsable dans notre situation actuelle.
Vous partagez d’ailleurs cette irresponsabilité budgétaire avec le RN.
Vous niez nos réalités démographiques et économiques.
Ce n’est pas sérieux.

En effet, vous voulez non seulement abaisser l’âge légal de départ à la retraite mais également réduire la durée de cotisation.
Cela signifie qu’il y aura moins de cotisants et beaucoup plus de bénéficiaires alors même que nous connaissons un vieillissement de la population marqué par un nombre de retraités beaucoup plus important rapporté au nombre d’actifs.
Et cela risque de s’aggraver à moyen terme avec un indice de fécondité qui a chuté à 1,68 enfants par femme.
Vos mesures viendraient aggraver le déséquilibre démographique et ainsi aggraver le déséquilibre financier.
Le système de retraite est déjà structurellement déficitaire en raison de l’inversion du rapport démographique : le déficit va rapidement se creuser, et ce de façon importante.
Il s’établirait à 14 milliards en 2030 et 21 milliards à l’horizon 2035.
Par ailleurs, alors qu’on comptait 3 cotisants pour 1 retraité en 1970, 2 cotisants pour 1 retraité en 2000 il n’y en a plus qu’1,7 aujourd’hui.
Et vous voulez par vos mesures générer encore davantage de déficit.
Beaucoup de concitoyens doutent de votre proposition et savent qu’elle n’est pas raisonnable. De nombreux Français sont très inquiets.
Pire, alors que nous empruntons depuis hier au même taux que la Grèce, vous voulez aggraver notre déficit, alourdir notre dette. C’est irresponsable. L’heure est grave. Vous menacez sérieusement la capacité future des caisses de retraite à verser les pensions demain aux Français.
Ils savent qu’un tel déséquilibre pourrait leur porter préjudice.
Quelles seraient les conséquences de votre proposition de loi pour les Français ?
Un système sous-financé structurellement mettant en péril notre système de retraites par répartition.
D’un côté, des retraités dont les pensions seraient menacées d’une baisse durable.
De l’autre côté, des actifs dont les cotisations pourraient augmenter, baissant d’autant leur pouvoir d’achat, sans leur assurer des pensions futures à la hauteur de leur espérance.
C’est-à-dire une baisse du pouvoir d’achat pour ceux qui travaillent et ceux qui ont travaillé.
C’est inacceptable dans le contexte actuel.

Les Français, bien conscients de cette équation, attendent toutefois plus de justice sociale et une amélioration du système de retraites.
Le Premier Ministre, lors de son discours de politique générale, a indiqué que « certaines limites de la loi votée le 15 avril 2023 peuvent être corrigées », notamment sur les retraites progressives, l’usure professionnelle ou l’égalité entre les femmes et les hommes.
Conformément au vœu du Premier ministre, nous devons engager un dialogue avec les partenaires sociaux pour réfléchir à des aménagements raisonnables et justes de la loi.

Monsieur le rapporteur, vous présentez aujourd’hui votre texte comme un texte de progrès social.
Mais soyons clairs, ce texte est tout sauf un texte de progrès !
Si nous voulons porter demain des réformes encore plus ambitieuses telles que l’harmonisation par le haut des pensions de réversion, des droits conjugaux et familiaux, il faut dégager davantage de ressources.
Or, votre groupe propose systématiquement le contraire !

Pour dégager plus de ressources, il nous faudrait, collectivement, davantage travailler.
Or, vous proposez d’aller vers la semaine de 32 heures !
Pour dégager plus de ressources, il nous faudrait aider nos entreprises à créer davantage d’emplois.
Or, vous proposez systématiquement de dégrader leur compétitivité par la hausse des impôts. On ne crée pas des emplois dans ces conditions !
Pour dégager plus de ressources, il nous faudrait enfin nous attaquer à la question du renouvellement des générations et relancer une politique familiale ambitieuse. Or, vous criez dès que l’on ose prononcer le mot natalité !

Soyons donc sérieux.
Nous souhaitons tous assurer la pérennité de notre système de retraites par répartition, en l’améliorant encore pour le rendre plus juste.
Mais ce n’est pas avec des mesures démagogiques que nous y arriverons.
En conséquence, le groupe de la Droite Républicaine s’opposera à cette proposition de loi. »

 

« Je vais m’en tenir à cet article 1er, qui m’inquiète profondément.

L’alinéa 3 concerne les assurés nés en 1955, donc âgés de 69 ans. Pire, le suivant vise ceux nés en 1951 : ils ont 73 ans. Ce n’est pas sérieux ! Vous persistez à l’alinéa 6, consacré aux assurés nés entre le 1er juillet et le 31 décembre 1951. Pensez-vous sérieusement que beaucoup de Français âgés de 73 ans ne sont pas à la retraite ?

À l’alinéa 7, vous abordez la situation de ceux nés entre le 1er janvier 1952 et le 31 décembre 1954. Combien de Français de 69 à 72 ans ne sont pas retraités ?

Comme le RN il y a un mois, ne pratiquez-vous pas les faux-semblants ? Nous ne jouerons pas avec l’avenir de notre système de retraite par répartition. N’oublions pas les Français qui ont besoin de ces pensions pour vivre.

Vous faites l’impasse sur les véritables questions, notamment celle du financement. Le Nouveau Front populaire, comme le RN, nie les réalités démographiques et économiques. Il fait preuve d’irresponsabilité.

Le NFP recherche le chaos, un peu comme le RN avec son chantage au vote de la motion de censure.

Cette alliance LFI-RN est funeste pour la France, pour ses retraités et pour ses travailleurs. Nous dénonçons ce jeu dangereux.

Monsieur le rapporteur, à l’alinéa 84, vous prévoyez un nouveau calcul de leur pension pour ceux qui sont partis à la retraite, ou vont le faire, entre le 1er septembre 2023 et le 31 août 2025. Auront-ils droit à un troisième calcul en cas de cumul emploi-retraite – la loi actuelle les limitant à deux ?

C’est une question concrète, et importante pour les Français qui ont parfois besoin de travailler pour compléter leur retraite, modeste. On ne peut les laisser dans l’insécurité juridique avec un texte mal ficelé et non financé.

Il faut s’atteler à la pérennité de notre système car la protection sociale est le patrimoine de tous ceux qui n’en ont pas. »

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