Budget de la sécurité sociale pour 2021 – Explication de vote

Retrouvez ci-dessous la vidéo et le texte de mon intervention à la tribune de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale :

« Monsieur le Président, Monsieur le Ministre,
Mes chers collègues,

Le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2021 que nous examinons serait soit-disant « historique » pour employer un terme qu’affectionnent ce gouvernement et cette majorité.

Quel décalage encore une fois entre les paroles et les actes !
Historiques en effet seront les déficits de la sécurité sociale estimés à 44,4 Md€ pour cette année et à 27,1Md€ pour 2021, mais chacun sait déjà que ces chiffres sont sous-estimés car reposant sur des bases illusoires.

En effet, vos précisions se fondent sur l’absence de deuxième vague de l’épidémie.

Il est vrai que nous faisons face à une crise sanitaire inédite.

Mais n’aurait-il pas fallu faire avant des réformes structurelles de notre système de santé ?

Vous ne l’avez pas fait en période de croissance pendant ces trois dernières années, comme d’ailleurs les autres gouvernements avant vous, que vous souteniez depuis 8 ans.

Résultat : nous avons un système de santé désarmé pour faire face à cette crise.

Crise qui a une telle ampleur dans notre pays car la seconde vague a été aussi mal anticipée que la première : après le manque de masques, de gants et de sur blouses succèdent le manque de tests ou avec des délais qui les rendent inopérants et désormais nous allons devoir faire face aussi au manque de vaccins contre la grippe !
Vous ne semblez pas avoir tiré les enseignements de la première vague.
Ce déficit historique nous conduit à une dette abyssale, historique elle aussi, puisque notre dette sociale atteint 396 milliards, dette insoutenable qui pèse sur la tête de nos enfants. Ce seront nos impôts et cotisations de demain. C’est très inquiétant.
Ce PLFSS prévoit de financer le Ségur de la santé. Là encore beaucoup d’effets d’annonces qui créent tant de déceptions.

Pour la prime Covid déjà, les déçus ont été nombreux. Si l’on peut se réjouir de quelques réadaptations ultérieures dont certaines imposées aux départements dont les finances sont déjà bien mises à mal, on ne peut que regretter les oubliés de cette prime.

Il en va de même pour le Ségur. Nous recevons pléthore de messages d’oubliés ou de mécontents. A quand Monsieur le Ministre un Ségur des oubliés ?
Le résultat est grave car le mouvement fantastique de solidarité des professionnels de santé, des étudiants, des intérimaires lors de la première vague nous fait défaut pour affronter la seconde !

Vous traitez l’hôpital qui en a certes bien besoin mais vous oubliez les professionnels de santé dans nos territoires. Vous repoussez après 2022 la négociation conventionnelle pour la médecine libérale. Leur revalorisation attendra.
Quel mauvais signe à leur égard ! Ils sont pourtant en première ligne.
De plus, le système de distribution de masques pour les professionnels libéraux de santé a pris fin le 4 octobre dernier, alors que nous affrontons cette deuxième vague.
Pour le secteur de l’aide à domicile dont l’activité est si précieuse, on peut quand même souligner quelques avancées comme les crédits pour les augmentations salariales votées à l’unanimité.

Mais l’enveloppe annoncée semble bien insuffisante par rapport aux promesses d’augmentations, il resterait les 2/3 à financer. De plus, l’urgence est là. Cela ne peut pas attendre avril prochain.

Et attention aussi au sentiment d’injustice entre les acteurs et donc de concurrence que vous créez pour les mêmes métiers, entre le médical et le médico-social, entre les établissements et les services à domicile !

Je tire la sonnette d’alarme pour les acteurs du handicap.

Si nous pouvons nous réjouir pour ces quelques avancées, notamment les revalorisations salariales de certains, nous ne pouvons que regretter l’impéritie de ce gouvernement et le manque de respect dont il a fait preuve une nouvelle fois pour le parlement avec un ordre du jour mal préparé – imaginez 1200 amendements examinés en 2 jours – sans parler des 36 amendements déposés juste avant le début des débats par le gouvernement, sans étude d’impact !

Historique serait aussi la création d’une 5ème branche, la branche autonomie attendue depuis des années. La création est facile quand les financements ne suivent pas ! Pire « vous déshabillez Pierre pour habiller Paul » en prenant l’Allocation d’Education de l’Enfant Handicapé à la branche famille.

Quant aux familles, vous claironnez l’allongement historique du congé de paternité, qui n’était pourtant pas une priorité, contrairement au congés de maternité qu’il faudrait allonger ou au congé parental qu’il faudrait revaloriser. C’est l’arbre qui cache la forêt car vous continuez à ronger les autres allocations familiales, à raboter le quotient familial et la prestation d’accueil du jeune enfant. Les attentes des familles sont ainsi négligées. Résultat de votre absence de politique familiale : notre natalité baisse alors que c’était une force de notre pays.

Nos débats ont révélé qu’il y avait encore beaucoup de chemin à parcourir pour que ce budget de la sécurité sociale pour 2021 soit vraiment sincère, juste, équitable et surtout à la hauteur des défis de notre pays. Je vous invite à revoir votre copie afin de n’oublier personne ni aucun territoire.

Avec mes collègues des Républicains, nous voterons donc contre ce projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021. »