Médailles à Jacques QUANTIN et Jean CANIN lors de l’assemblée annuelle du comité du souvenir Français de Lunéville et environs
M. Jacques Quantin est né le 15 octobre 1921 à Lunéville. En juin 1940, pour échapper à l’avancée allemande, il part en vélo vers le sud de la France. Bloqué au Puy-en-Velay, il va travailler comme ouvrier agricole dans une ferme d’un village isolé à 30kms du Puy. En octobre 1940, il revient clandestinement à Lunéville où il reprit ses études. Après le décès de son père en 1942, il seconde sa mère à la librairie.
Depuis 1942, dans le cadre d’une éventuelle relève des prisonniers français de 1940, des travailleurs français volontaires pouvaient aller travailler en Allemagne. Devant le manque de volontaires, l’Etat français promulgue le 16 février 1943 une loi instaurant le Service du Travail Obligatoire, chargé d’envoyer vers l’Allemagne des travailleurs français. Tous les employés et ouvriers masculins âgés de 21 à 50 ans, célibataires ou mariés avec un ou deux enfants sont convoqués par l’inspection du travail à Nancy. C’est ainsi que le 5 mars 1943, M. Quantin est convoqué à 6h du matin à Nancy. Le jour même, il est envoyé en Allemagne – ironie du sort, le même jour que la statue de l’Abbé Grégoire -.
Il se retrouve alors à l’importante usine chimique IG Farben à Ludwigshafen avec d’autres lunévillois : Pierre Wuscher, Paul Grandjean et Jean Cuenin.
Le 21 octobre 1943, les 4 lunévillois tentent de s’évader et malheureusement, échouent. Ils sont aussitôt envoyés au camp de redressement de Neue Bremm, appelé aussi « camp de la Brême d’or », entre Sarrebrück et Forbach. Ce camp était une « prison élargie de la Gestapo » créée pour briser les prisonniers qui n’étaient pas destinés à l’extermination. Dans ce camp, transitaient chaque semaine des résistants et prisonniers politiques français, qui y restaient 6 à 8 jours avant d’être dirigés vers d’autres camps dont on ne connaissait pas alors l’existence.
Les 4 lunévillois vont y rester du 22 octobre 1943 au 28 décembre 1943, soit 66 jours durant lesquels ils vont subir les pires sévices sous un froid glacial.
50 SS avaient en charge 300 détenus. Chaque semaine était rythmée par le travail dans des entreprises locales. Le dimanche, de l’aube (parfois dès 4h30 du matin) jusqu’au crépuscule, les SS infligeaient aux prisonniers des coups de poing, de pied et de matraque, et donnaient l’ordre de faire le tour du bassin central accroupis, en canard, en rampant ou au pas de course. La « nourriture » se résumait à un liquide brunâtre appelé « café » accompagné d’une mince tranche de pain infect et dur comme de la pierre comme déjeuner. Le repas de midi se composait d’une soupe agrémentée des restes des colis que les familles avaient envoyés aux prisonniers et dont les SS avaient prélevé tout ce qui les intéressaient.
65% des déportés ayant séjourné dans ce camp de la Gestapo y sont morts. En 1948, lors du procès de Rastatt, des anciens détenus ont déclaré que « Buchenwald était un paradis à côté de Neue Bremm ».
Ayant survécu à ce régime de redressement, M. Quantin et ses compagnons seront de nouveau renvoyés à Ludwigshafen. Ils vont y rester un an, du 29 décembre 1943 au 29 décembre 1944 subissant les bombardements alliés. A cette date, ils tentent une deuxième évasion, mais pas vers la France où la ligne de front est étroitement surveillée. Les prisonniers étrangers sont réquisitionnés pour creuser des tranchées et ralentir l’avancée des américains. Ils échapperont ainsi au bombardement de l’usine par les alliés le jeudi 30 décembre 1943 où 1 400 tonnes de bombes seront déversés sur IG Farben. M. Quantin restera en Allemagne et trouvera un emploi chez un garagiste à Zuzenhausen, près d’Heidelberg. Il est libéré le 1er avril, jour de Pâques, par les américains et ne rentrera à Nancy que 6 jours plus tard dans un camion conduit par un GI’s dont les passagers se sont longtemps demandés s’il avait des notions de conduite.
Il reprend alors la librairie familiale qu’il va tenir de 1945 à 1992, date à laquelle sa fille Emmanuelle lui succède.
Pour l’histoire, en 1948, une explosion à l’usine IG Farben de Ludwigshafen a fait 200 morts et près de 2000 blessés.
M Jean Canin est né le 11 mai 1924 à Amance.
Le 10 juin 1940, sur ordre de la préfecture, il quitte son village avec son frère Paul pour rejoindre en camion le plateau de Langres où tous les hommes de 16 à 65 ans ont ordre de se rassembler. De là, ils prennent la direction de Bordeaux afin de rejoindre ce qui reste de l’armée française en zone libre.
Dirigés vers les « Compagnons de France » ils n’apprécient pas les discours politisés et même si la formation est intéressante, après trois mois de formation, Jean rentre clandestinement à Amance aider ses parents tandis que Paul rejoindra les forces françaises libres au Maroc.
Il travaille alors comme bucheron et aide ses parents à la ferme. Fortement décidé à rejoindre les forces françaises de l’intérieur, il rejoint bientôt son père ainsi que le docteur de Miscault déjà fortement impliqués dans les FFI.
Il devient bientôt un spécialiste du sabotage et avec d’autres maquisards sabote régulièrement le câble téléphonique souterrain reliant Paris à Strasbourg. Cette liaison France – Allemagne est rendue pratiquement inutilisable, ce qui vaut aux saboteurs les honneurs d’un communiqué de la BBC
Il participe également au cambriolage du magasin des chantiers de jeunesse rue de l’étang à Nancy (aujourd’hui rue Gabriel Mouilleron) afin de se procurer l’équipement nécessaire pour équiper le maquis
Le 26 aout 1944, il participe à un important parachutage d’armes près de Réméréville.
Le 29 aout le maquis de Ranzey se met en place dans la forêt du même nom, près d’Athienville
Le 1er septembre un coup de main est lancé sur la route de Nancy – Château Salins à Moncel. Cette action provoque quelques pertes chez l’adversaire ainsi que la fuite de nombreux prisonniers de guerre Sénégalais et Annamites.
Le 3 septembre, les maquisards décident d’attaquer Athienville où d’après les renseignements, plusieurs dizaines d’allemands bivouaquent. Mais la majorité d’entre eux est déjà repartie. Jean Canin et un de ses compagnons parlant Allemand réussissent à capturer ceux qui restent soit 6 soldats qui se rendent assez facilement. Deux autres sont capturés le lendemain.
Une opération sur Sornéville où parait-il le maquis pourrait récupérer des armes est organisée. Cette opération tourne au désastre. Les allemands se battent bien et surtout ont des mitrailleuses. 8 maquisards sont tués et 11 blessés dont un, capturé décédera peu après. C’est par miracle que les autres maquisards pourront s’échapper.
Les Allemands prennent des otages à Moncel et à Athienville. Pour garantir leur survie, les maquisards rendent les prisonniers. Le maquis erre alors dans la forêt de Ranzey et l’état sanitaire se dégrade. Les volontaires rejoignent peu à peu leurs villages d’origine. En cours de route, certains sont arrêtés et fusillés. A la mi-septembre, le maquis se dissous peu à peu devant l’avancée des Américains. Jean Canin rejoint alors le 26è RI à Nancy et participe à la défense de Strasbourg en 1944/45.
Libéré des obligations militaires en 1946, il fonde un commerce de fruits et légumes puis travaille à l’atelier de vitrail de MM Benoit frères à Nancy. Au décès des frères Benoit, Il devient gérant de l’atelier qu’il rebaptise « Atelier 54 » Cet atelier est retenu par l’Education Nationale pour les CAP verrier.
M Canin est titulaire :
– De la croix du combattant volontaire de la résistance,
– De la croix du combattant volontaire,
– Du grand prix départemental des métiers d’art
Il a été
– Conseiller municipal d’Amance et de Lunéville,
– Vice-président d’un comité de quartier,
– Membre du comité de gestion paroissial,
– Membre de la chambre syndicale des maitres verriers