Favoriser l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche

Favoriser l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche

9 mars 2023 Hémicycle - autres Hémicycle - santé 0

Retrouvez ci-dessous la vidéo de mon intervention à la tribune de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale ce 8 mars à l’occasion de l’examen de la proposition de loi visant à favoriser l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche.

“Madame la Présidente,

Monsieur le Ministre,

Madame la Présidente de commission,

Madame la rapporteure,

Mes chers collègues,

Le groupe Les Républicains se réjouit d’étudier ce 8 mars la proposition de loi visant à favoriser l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche présentée par notre collègue Sandrine Josso. Adoptée à l’unanimité en commission des affaires sociales, cette proposition est un exemple remarquable de ce que peut produire notre Assemblée quand elle se concentre sur la recherche du seul bien commun.

Le sujet des fausses couches est un sujet important. Cela a été dit, près d’une femme sur quatre y sera confrontée dans sa vie. Pourtant, les fausses couches restent souvent taboues dans notre société ce qui peut ajouter à la douleur intime des familles confrontées à ces drames. Il est de notre devoir collectif, comme société, de faire en sorte que dans ces moments difficiles, les familles, et plus particulièrement les mères, se sentent respectées, soutenues, aimées et non pas marginalisées ou jugées.

Madame Josso l’a très justement souligné dans cette proposition : l’accompagnement psychologique est primordial. Il doit être fait par tous les professionnels dès l’annonce du diagnostic et / ou plus tardivement, en tous les cas, dès que cela est nécessaire. Il convient également de faire en sorte que chacun puisse avoir accès, sans question de ressources, à un accompagnement psychologique de qualité par des professionnels.

À ce titre, permettre le remboursement des séances d’accompagnement psychologique réalisées par un psychologue dans le cadre d’un exercice libéral ou d’un exercice en centre de santé dès qu’intervient un adressage par un médecin ou par une sage-femme, tel que le propose l’article 1er, nous semble être une excellente proposition.

Nous saluons aussi le fait d’ouvrir aux pères le bénéfice de la prise en charge de cet accompagnement psychologique. Madame la rapporteure a eu raison de porter un amendement en ce sens en commission. Nous nous réjouissons qu’il ait été adopté et souscrivons pleinement à son propos selon lequel je cite : « Il ne faut pas viser exclusivement les femmes s’agissant de l’épreuve que peut constituer une fausse couche. Même si elles y sont le plus directement confrontées, puisqu’elles le vivent dans leurs corps, les études montrent que la fausse couche est aussi une épreuve pour le conjoint et le couple ».

Je le disais, parfois les réactions auxquelles sont confrontés les parents face à la fausse couche peuvent être blessantes.  En commission, ma collègue Justine Gruet le soulignait très justement en affirmant : « le fait que les futurs parents attendent la première échographie T1 à 2 mois et demi de grossesse avant d’annoncer la nouvelle à leurs proches et à leurs familles concoure au sentiment d’incompréhension et de solitude qu’ils endurent alors que les futurs parents se sont déjà investis pleinement dans la grossesse. Ils ressentent parfois un décalage vis-à-vis de leurs proches comme des professionnels de santé, qui banalisent parfois cet événement qui se produit pourtant fréquemment. L’annonce d’une fausse couche et les mots employés par les professionnels sont d’une grande importance dans les phases de deuil qui suivent la perte de ce bébé à venir ». Aussi, les dispositions de l’article 1er A qui créent un « parcours fausse couche » visant à développer la formation des professionnels médicaux apportent assurément un début de réponse. Néanmoins, il nous faudra être vigilants quant au déploiement de moyens adéquats pour permettre l’effectivité de cette formation. Il faudra aussi être vigilant sur la sémantique employée qui ne peut s’assimiler à une interruption volontaire de grossesse.

D’autres initiatives pourraient également être prises dans la considération apportée aux couples dont la femme est victime d’une fausse couche. Il faut donner du temps aux couples pour accepter les choses ensemble, c’est essentiel.

Les membres du groupe Les Républicains ont fait, comme toujours, des propositions pour améliorer le texte qui nous est soumis, et dont, je le redis encore une fois, nous partageons pleinement la philosophie et les objectifs. Ainsi, notre collègue Alexandre Portier a porté par exemple un amendement visant à répondre au fait qu’une fausse couche peut être causée dans certains cas par des violences commises au sein du couple. Il propose en conséquence que les professionnels de santé puissent être formés afin de prévenir et détecter les violences conjugales dont pourraient être victimes leurs patientes enceintes, ainsi qu’aux modalités d’accompagnement. Malheureusement il a été déclaré irrecevable. Je forme le vœu que les ARS dans la conception du parcours de formation inclut cette vigilance sur la détection d’éventuelles violences.

Cela étant dit, nous saluons d’ores et déjà collectivement le travail fait par la rapporteure et nous l’assurons de notre soutien à sa proposition de loi ainsi rédigée qui permet d’entendre les attentes fortes de la société sur ce sujet si important.

C’est un excellent texte avec des mesures très utiles pour les femmes concernées. Il contribuera à lever le tabou sur cette question en reconnaissant la souffrance du couple.

Il contribuera à davantage de délicatesse, d’attention et une meilleure prise en charge de la part du corps médical.

Un parcours de suivi psychologique aidera à faire le deuil de l’enfant dans lequel le couple s’était projeté.

Le dispositif aurait pu être étendu à toutes les situations de deuil périnatal et surtout à la prise en compte de cet évènement lors de la grossesse suivante, souvent vécue dans l’angoisse par la femme et/ ou le couple.

Permettez-moi de conclure en ayant une pensée pour toutes les femmes qui ont été victimes d’une fausse couche et ont souffert d’un manque d’accompagnement adapté pour surmonter cette épreuve.

Formons le vœu que cette proposition, dont j’espère l’adoption définitive prochainement, permette de vraiment favoriser en France l’accompagnement des couples confrontés à une fausse couche.”

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