Intervention de Thibault BAZIN – Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale – Audition « Focus » sur le Ségur du numérique

Intervention de Thibault BAZIN – Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale – Audition « Focus » sur le Ségur du numérique

7 mai 2025 Commission - santé 0

Retrouvez en vidéo mon intervention lors de la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale pour l’audition « Focus » sur le Ségur du numérique avec M. David Sainati, co-responsable de la délégation au numérique en santé, M. Benjamin Luciani, responsable du pôle transformations sectorielles, en charge du Ségur, et Mme Claire Vigier, responsable du pôle plateformes numériques et usages, en charge de « Mon espace santé ».

« Merci, Monsieur le Président de la MECSS,

Mesdames, Messieurs,

Merci pour vos propos introductifs et les réponses que vous avez apportées au questionnaire, c’est très intéressant.

J’ai une première question, qui est budgétaire : les derniers arbitrages pour le PLFSS 2025 ont impacté le numérique en santé. J’aimerais donc avoir votre regard là-dessus. Est-ce que cela est sans aucun impact pour vous, ou est-ce que cela implique une reprogrammation des investissements tels que prévus ?

Concernant les systèmes d’information, vous nous avez bien expliqué le vôtre, mais les établissements de santé ont aussi développé leurs propres systèmes. Je pense notamment à l’imagerie, avec des partages de données entre établissements. Certaines régions ont également mis en place des systèmes d’information en santé. Comment tout cela va-t-il être interconnecté ? Mais surtout, la vraie question, c’est celle de l’efficience de notre système : on observe parfois des actes redondants. Dans une même région, un établissement a pu réaliser un dépistage du cancer du sein, et deux jours plus tard, un autre établissement refait exactement le même examen, alors que l’image existe déjà. Est-ce qu’à terme, lorsqu’un nom apparaît, on saura immédiatement que l’examen a déjà été réalisé, et qu’il est donc inutile de le refaire ?

Mon collègue a parlé de vaccination ; il y a la question du dépistage, qu’il soit ciblé ou généralisé. Aujourd’hui, seulement 50 % des femmes entre 50 et 75 ans effectuent un dépistage du cancer du sein. Est-ce qu’il y aura à l’avenir des invitations systématiques à y participer ? Concernant les dépistages ciblés, je pense au cancer du poumon – nous avons eu un cas récemment – est-ce que vous allez contribuer, via le DMP alimenté par l’IA, à envoyer ces rappels ?

Il y a les interconnexions avec d’autres systèmes, comme celui de l’Établissement français du sang. La connaissance immédiate des groupes sanguins pourrait faire gagner beaucoup de temps lors d’interventions. Est-ce que cela fait partie des éléments intégrés ? On sait, par exemple, que certaines femmes enceintes prennent des traitements par précaution parce qu’on ne connaît pas le groupe sanguin du conjoint. On se rend compte après coup qu’il n’y avait pas d’incompatibilité, et le traitement n’était finalement pas nécessaire. Ce sont des situations à éviter.

Concernant les flux sécurisés entre professionnels : est-ce que, par exemple, pour le renouvellement d’ordonnance chez des personnes en perte d’autonomie, le pharmacien pourrait être interpellé directement par le DMP via l’espace numérique en santé, plutôt que d’avoir à aller consulter activement le DMP ? On parle souvent de l’usage par les professionnels, mais le patient peut également consulter. Peut-on imaginer une interaction plus poussée entre professionnels via cet espace ? Ce qui est troublant dans les ESP et les MSP, c’est que les flux d’informations de santé ne sont pas induits automatiquement. Est-ce que cela est prévu, ou cela ne fait-il pas partie de la deuxième étape ?

Enfin, sur les innovations en cours – je pense notamment à la conciliation médicamenteuse – deux expérimentations ont été menées dans le cadre des articles 51. Elles ont mobilisé plusieurs millions d’euros, avec des équipes d’informaticiens, d’aides-soignants, et jusqu’à 5 000 patients inclus, dans une logique de parcours sécurisé. Et j’ai l’impression que tout cela va être abandonné, alors même qu’on a constaté des baisses de mortalité allant jusqu’à 7,1 % sur le dossier que je suis plus particulièrement. On est face à des contraintes budgétaires, certes, mais ces investissements ont porté leurs fruits. Est-ce qu’il n’y a pas matière à intégrer ces dispositifs ?

Il existe aussi des innovations logicielles pour mieux connaître les effets indésirables des médicaments, permettre des remontées d’information, et renseigner aussi bien les patients – qui peuvent vouloir savoir : « Ce médicament, quels effets peut-il avoir ? » – que les professionnels : « Je vais prescrire ce médicament, mais avec ceux qu’il prend déjà, y a-t-il un risque ? » Est-ce que vous travaillez à une interconnexion des systèmes et à une capacité d’intégration de ces innovations ? »

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