Communiqué – Explications du vote sur le discours de politique générale du Premier ministre François BAYROU lors de la séance du 8 septembre 2025

Communiqué – Explications du vote sur le discours de politique générale du Premier ministre François BAYROU lors de la séance du 8 septembre 2025

6 septembre 2025 Communiqué 0

François BAYROU commet selon moi une triple erreur en ce 8 septembre : une question mal posée, au moment inopportun, sans avoir suscité la confiance par la prise en compte des attentes des Français :

1. Le Premier ministre fait une erreur en liant ainsi, sans nuance, la question préalable du nécessaire redressement des comptes de la France, avec celle de la confiance dans sa méthode et ses orientations. On peut souhaiter le redressement de nos comptes publics, tout en émettant des réserves sur le chemin proposé pour y parvenir. En posant mal la question, il prend le risque d’une mauvaise réponse. Poser pareille question préalable, avant même la présentation des budgets, entraîne, dans la composition actuelle de l’assemblée, une réponse d’opposition par principe. Ce n’est pas la bonne manière de procéder.

2. Le Premier ministre fait une erreur en sollicitant un vote de confiance à la veille des échéances budgétaires. Et il génère de la confusion entre le but à atteindre, et le chemin pour y parvenir. Soit il posait bien plus tôt cette question du redressement comme objectif à poursuivre, soit il attendait le débat budgétaire afin de permettre de discuter et amender les solutions proposées. En procédant ainsi, le Premier Ministre risque de générer davantage d’instabilité politique au pire des moments. Car il compromet la mise au débat de budgets pour la France dans les échéances prévues par nos institutions.

3. Le Premier ministre fait surtout une erreur en n’écoutant pas assez les attentes des Français, en opposant les générations entre elles. Certaines mesures – telles que la suppression des deux jours fériés ou l’abattement fiscal de 10% sur les pensions des retraités – suscitent de l’incompréhension voire de la colère. Le sentiment d’injustice progresse chez ceux qui travaillent et ont travaillé toute leur vie. Je l’ai personnellement alerté, en vain jusqu’à présent, hélas. Il faut accepter d’amender un projet quand on recherche l’adhésion du plus grand nombre.

Au-delà du sort de François BAYROU, dont je ne suis pas un des proches, ce qui m’importe surtout, c’est l’avenir de la France. Et au-delà du 8 septembre, le plus difficile demeure devant nous. Nous devons relever un triple défi : construire pour 2026 des budgets pour la France les moins déséquilibrés possibles, en préservant la cohésion nationale et en évitant le chaos recherché par certains.

1. Il nous faut redresser nos comptes publics. C’est un enjeu de souveraineté. C’est aussi un devoir moral vis-à-vis des générations futures.

2. Le redressement de nos comptes publics doit se conjuguer avec davantage de justice, en mettant le travail au cœur du pacte social. Sinon les efforts ne seront pas acceptés.
Avec mon groupe parlementaire, nous avons travaillé et formulé des propositions concrètes :
a. L’Etat doit tout d’abord montrer l’exemple, en rationnalisant son organisation. Des centaines d’agences avec parfois des missions redondantes. Il y a matière à simplifier, et ce sera autant d’économies.
b. Avant de solliciter des efforts de ceux qui respectent les règles, il faut commencer par ceux qui abusent du système. 13 milliards ont été identifiés. Il nous faut ainsi amplifier la lutte contre les fraudes. Faisons évoluer notre arsenal juridique au plus vite pour en récupérer le maximum. Imaginez que notre droit actuel ne permet pas à l’assurance maladie, lorsqu’elle détecte une fraude, de prévenir les organismes complémentaires, et réciproquement. Il me semble urgent d’y remédier.
c. Il nous faut surtout améliorer le taux d’emploi en levant tous les freins car c’est un puissant vecteur pour équilibrer nos comptes sociaux. Si on se rapprochait du taux d’emploi de l’Allemagne, nous aurions 20 milliards de déficit en moins !

3. Dans un contexte menaçant, la France a besoin d’un minimum de stabilité gouvernementale, pas d’une nouvelle crise ! Je redoute le préjudice que pourrait engendrer encore davantage d’instabilité en ces temps troublés où nous devons faire face à des tensions internationales, à une hausse de la violence, alors que dans notre pays, des entreprises rencontrant des difficultés ont besoin d’être accompagnées. La France risque fortement d’être à nouveau pénalisée par de l’incertitude budgétaire qui aurait pour conséquence une baisse de la croissance et de l’investissement, synonymes de baisse de l’emploi et donc du pouvoir d’achat et des recettes pour nos finances publiques.

Ce sont les raisons pour lesquelles, en liberté, fidèle à mes convictions, je ne souhaite m’associer ni à ceux qui recherchent le chaos, ni à ceux qui veulent augmenter toujours davantage la pression fiscale, ni à ceux qui refusent de mieux valoriser le travail par rapport à l’assistanat.

Je ne souhaite pas non plus donner un « chèque en blanc » au Premier ministre car les moyens pour parvenir au redressement doivent davantage passer par la lutte contre le gaspillage d’argent public, la lutte contre les fraudes et l’amélioration du taux d’emploi, plutôt que par des efforts qui reposent trop sur les Français qui travaillent ou qui ont travaillé toute leur vie.

Alors que le danger rôde en Europe et dans le monde, cette manœuvre risque de créer confusion, troubles, inquiétude et désarroi.

Les Français n’attendent pas cela. La France ne peut se le permettre.

Je m’abstiens donc de répondre à une question ainsi mal posée, à un moment inopportun.

Il est urgent de réfléchir et surtout d’agir. Tout reste à écrire et je suis déterminé dans les prochaines semaines à contribuer au débat budgétaire avec des propositions concrètes, inspirées de nos réalités locales et des échanges au quotidien dans ma circonscription. Les attentes des Français doivent être mieux prises en compte.

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