Défense de notre sel lorrain

Défense de notre sel lorrain

23 février 2022 Non classé 0
🎥 Retrouvez ci-dessous la vidéo de mon intervention à la tribune de l’assemblée nationale au sujet d’une proposition de résolution (sans portée juridique) de membres de la majorité au sujet de la certification européenne du sel biologique et de ses méthodes de production.
🎙 « Monsieur le Président, Madame la Ministre, Mes chers collègues,
Ce débat qui nous est proposé sur la certification européenne du sel biologique me paraît inopportun à plus d’un titre.
Il est en effet non pertinent. Comment parler de sel biologique alors que le sel n’est pas un produit agricole ? Le sel est un minéral, par essence inerte, alors que l’agriculture biologique concerne la science du vivant.
Cette proposition de résolution qui nous est proposée est aussi discriminatoire et injustifiée.
En effet, elle considère que seuls les producteurs du littoral atlantique (Ré, Noirmoutier, Guérande) seraient éligibles à la labellisation bio.
Elle exclue donc les sels de mer IGP « Camargue » d’une part mais aussi les sels de gemme, type de production que l’on trouve tant en Lorraine que dans le Béarn.
Or le sel gemme est présent à au moins 200 mètres sous terre au cœur d’un site préservé de toute pollution. Il demeure donc un sel infiniment pur, infiniment naturel, issu d’une ancienne mer disparue il y a 250 millions d’années.
En ce sens, on peut dire que le sel gemme présent dans ces cavités est beaucoup plus pur que ce que l’on pourrait trouver dans le sel de mer.
Dans le cas des mines de sel gemme, il existe une protection naturelle que l’on ne retrouve pas forcément pour les sels de mer dont l’accès aux installations est libre et non contrôlé et qui est menacé par la pollution.
Se pose alors la question du type de production. Or il s’avère que la distinction faite dans le rapport est caricaturale car elle stigmatise les types de production autres que pour le sel marin.
Or il s’avère que les techniques d’extraction des sels de gemme n’altèrent aucunement la qualité du produit sel.
Je peux vous le démontrer à partir de l’exemple du sel d’Einville dans mon département de Meurthe-et-Moselle.
Une fois le sel extrait, on y perpétue, depuis ses débuts en 1871, une méthode de fabrication artisanale de sel récolté manuellement avec ses « pétales de sel »
Ce savoir-faire s’est transmis entre Maîtres Saliniers, selon la technique autrefois appelée « technique de sel de poêle » (en référence aux anciennes poêles à sel).
La récolte est réalisée par deux personnes, sans matériel mécanique.
Ces pétales de sel ne subissent aucun lavage, ni traitement chimique ou adjonction d’additif. Il est garanti sans OGM, allergène ou ionisation.
Quelques dizaines de tonnes y sont ainsi produites chaque année avec une visée régionale et nationale. On est loin d’une production industrielle.
Vous comprendrez donc que cette technique pourrait totalement répondre aux objectifs du bio.
Or cette proposition de résolution exclut ce savoir-faire unique du champ du bio et ce, sans aucune rationalité.
Il est particulièrement incompréhensible que la France puisse défendre pareille proposition de résolution, sachant qu’elle est l’un des seuls pays en Europe qui dispose de l’ensemble des types de production sur son territoire.
Elle se doit de défendre tant :
– le sel gemme qui exploité à Varangéville, Dombasle-sur-Meurthe et Einville au Jard en Meurthe-et-Moselle mais aussi dans les Salines de Béarn dans les Pyrénées Atlantiques
– Que le sel de mer exploité sur la façade Atlantique (Guérande, Noirmoutier, Ré) mais aussi sur la Façade Méditerranéenne en Camargue.
Ces deux modes de production doivent donc faire la fierté de la France et doivent être considérées avec les mêmes égards puisqu’il existe de part et d’autre des indications de qualité.
La France devrait donc jouer un rôle central et d’équilibre en défendant l’ensemble des producteurs de sel présents sur son territoire.
Or ce texte qui nous est proposé ne respecte pas, loin s’en faut, ce principe d’équilibre en n’autorisant une labellisation biologique que pour le sel de mer dit « artisanal » et en se limitant aux producteurs du littoral atlantique qui seraient seuls éligibles à la labellisation bio.
Cette position discriminatoire est de plus intenable au niveau européen.
Ce projet de résolution, ainsi que la proposition d’acte délégué figurant en annexes, apparaissent en effet totalement restrictifs et totalement en opposition avec les ambitions poursuivies par la Commission européenne qui a indiqué qu’elle « veillera à ce que les futures règles de production détaillées cadrent avec les objectifs généraux, les principes et les règles de la production biologique, tout en respectant la volonté des co-législateurs d’englober les sels visés à l’annexe I du règlement (UE) 2018/848 du Parlement européen et du Conseil ».
Cette proposition de résolution ne répond donc pas du tout à cet objectif puisqu’elle stigmatise un mode de production qui pourrait répondre aux critères du bio et marginalise la position de la France au niveau des négociations européennes.
Un seul principe devrait nous rassembler : que tous les sels doivent pouvoir être certifiées biologiques dès lors qu’ils répondent à des critères et à un cahier des charges communs.
Pour toutes ces raisons, je vous invite donc mes chers collègues à repousser cette proposition de résolution méconnaissant du sel de qualité produit de manière remarquable tant en Lorraine que dans le Béarn. Nous devons les respecter et les défendre également, et à travers eux tous ceux qui y travaillent au quotidien depuis des générations. Il en va de la cohésion nationale. »

 

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