Discussion Générale – Projet de loi sur le pouvoir d’achat
« Merci Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Ministres, présidents de commissions et rapporteurs, Mes chers collègues,
Nous voici enfin en train de discuter du projet de loi portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat des Français.
Rappelons-nous la campagne électorale et les menaces des candidats de la majorité : Votez pour nous si vous voulez que des mesures pour le pouvoir d’achat soient prises ? Comme s’ils en avaient le monopole.
La menace n’a pas si bien marché.
Tout gouvernement n’aurait-il pas pris des mesures en faveur du pouvoir d’achat ?
Et comment faire jouer pareille carotte quand on sait ce que subissent les Français depuis quelques mois ?
Quand on sait que de mai 2021 à mai 2022, le fioul a augmenté de 80%, le gaz de 45 %, le gazole de 39%, l’essence de 28 % et les achats en grande surface de 5.2 %, on ne peut rester indifférent aux conséquences sur la vie quotidienne de nos concitoyens.
Alors quelles réponses y apporter ?
Le triplement de la prime dite Macron qui ne concerne que certaines catégories de salariés ? A quoi bon tripler une prime alors que l’on sait que sur les 2000 euros déjà possibles, une moyenne de 500 euros seulement était octroyée ?
Des chèques inflation ? Sachant que, là aussi, des seuils sont fixés entre ceux qui pourront les toucher et les autres, créant un sentiment compréhensible de frustration et d’inégalité.
Vous continuez la politique socialisante qui a mis fin, par exemple, à l’universalité des allocations familiales, pénalisant ainsi les familles qui travaillent.
Comment comprendre que, pour faire face à la hausse des prix à la pompe, des chèques aient été distribués à des personnes qui n’ont pas de voiture ?
Là encore, vous fracturez la société entre ceux qui touchent les chèques et ceux qui n’y ont pas droit.
Ecoutez les Français. Ils sont las de ces différenciations. A quoi aboutissent vos mesures ? À ne pas aider ceux qui travaillent, qui se lèvent le matin, mais à soutenir plutôt ceux qui préfèrent vivre des allocations sociales ayant fait le calcul des aides auxquelles ils n’ont plus droit en travaillant alors qu’ils doivent aller payer l’essence pour aller travailler.
Durant la campagne des législatives, j’ai entendu ce thème de manière récurrente : « ce sont toujours les mêmes qui touchent ».
Les classes moyennes se sentent oubliées et on les comprend.
Une grande partie des classes moyennes ne seront ni éligibles à l’indemnité carburant, ni au chèque carburant, ni à la revalorisation des minimas sociaux puisqu’elles ne les perçoivent pas.
Il est impératif de « corriger le tir ».
Que dire des retraités ? Ils ont été bien mal considérés lors du dernier quinquennat :
– Faible revalorisation de leur retraite,
– forte augmentation de la CSG, augmentation qui ne sera corrigée que pour les plus modestes ensuite, 8M continuent de la subir. Toujours la même pratique !
Que dire de votre acharnement contre les propriétaires immobiliers ? A vos yeux, on a l’impression que ce ne sont que des rentiers qui pompent les locataires alors que, pour beaucoup, c’est l’investissement de toute une vie de travail et un revenu qui vient compléter une retraite insuffisante.
Que dire de la prime Ségur qui a créé tant d’injustices entre ceux qui en bénéficiaient et les autres, alors qu’ils faisaient le même métier mais dans des structures différentes ?
Que dire enfin de la non prise en compte des territoires ruraux dont les habitants ne peuvent vivre sans voiture et dont le quotidien est plus lourdement impacté par cette inflation ?
Arrêtez donc de diviser les Français, de fracturer notre société. Le mécontentement et l’incompréhension sont là.
Certes ce texte contient quelques bonnes dispositions, comme les revalorisations, la protection des consommateurs et la nécessité de se prémunir contre des approvisionnements difficiles en matière énergétique.
Certes on va, grâce à nos amendements, corriger enfin quelques-unes de vos inepties, comme par exemple, accéder à la tant attendue déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé (l’AAH), mais les vraies solutions structurelles ne sont pas là.
Avec les députés du groupe Les Républicains, nous défendons des impératifs comme :
- La nécessité de mieux rémunérer le travail afin de faire en sorte qu’il rapporte plus que les allocations sociales.
Nous proposons de défiscaliser les heures supplémentaires afin d’augmenter le salaire net.
- Nous vous proposons de faire baisser vraiment les taxes notamment sur les carburants et les taxes sur les taxes comme la TVA sur la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (la TICPE)
- Nous proposons la suppression de la hausse de la CSG pour les retraités
Arrêtez de dire que nos solutions coûtent cher car vous savez que nous proposons en parallèle les réformes structurelles courageuses que vous n’avez pas su prendre pendant 5 ans.
Il y a tant d’économies justes à faire en parallèle, par exemple en luttant davantage contre les fraudes fiscales et sociales.
Vous avez évité un vrai bilan de votre quinquennat pendant la campagne de la Présidentielle.
Vous avez leurré les Français en ne parlant que de l’amélioration apparente de l’emploi mais vous avez caché la dette abyssale et notre déficit commercial si inquiétant.
La France n’est pas dans l’état que vous décrivez. Les données économiques sont moins bonnes que ce que vous annonciez en surestimant la croissance et en minimisant l’inflation.
La France a besoin de vraies mesures, claires, compréhensibles, loin des mesures technocratiques et inégalitaires préconisées par McKinsey.
Nous porterons ces propositions fortes et justes pour les Français durant les jours à venir, dans l’espoir que vous saurez enfin nous entendre.
Mesdames et Messieurs de la majorité, (les Français vous attendent au tournant et ne sont plus bercés d’illusions). Allez-vous désormais nous écouter pour améliorer les réponses envisagées pour qu’elles soient plus justes ?
L’avenir du nouveau quinquennat se joue durant les quelques mois à venir.
Soyez au rendez-vous pour vraiment redonner du pouvoir d’achat aux Français de nos territoires, notamment des classes moyennes, qui ont besoin de leur voiture pour vivre et aller travailler. »